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Faculté des Humanités

Retour sur un deuxième cycle de conférences lillois dédié à l’archéologie de l’Europe centrale dans l’Antiquité tardive

Retour sur un deuxième cycle de conférences lillois dédié à l’archéologie de l’Europe centrale dans l’Antiquité tardive

Au premier semestre de l’année 2025-2026, la Faculté des Humanités a eu le plaisir d’accueillir à une deuxième reprise Orsolya Heinrich-Tamáska, en qualité de conférencière invitée internationale, pour un cycle de communications, à destination des étudiantes et étudiants, ainsi que des collègues, autour de l’une de ses spécialités : l’archéologie de la Pannonie (région à cheval entre une partie de l’Autriche, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Croatie, de la Serbie et de la Bosnie-Herzégovine) dans l’Antiquité tardive. La première invitation avait eu lieu au second semestre de l’année 2023-2024.

 

Orsolya Heinrich-Tamáska est Wissenschaftliche Mitarbeiterin habilitée (directrice de recherche) en archéologie au Leibniz-Institut für Geschichte und Kultur des östlichen Europa, aussi connu sous le sigle GWZO, qui se situe à Leipzig en Allemagne. Elle est également Privatdozent en archéologie préhistorique à la Freie Universität Berlin. Auteure de très nombreux ouvrages et responsable depuis près de 20 ans des fouilles de la grande forteresse tardo-antique de Keszthely-Fenékpuszta en Hongrie, elle est mondialement reconnue comme l’une des spécialistes de la transition au Moyen Âge en Europe centrale. En 2021, elle a obtenu un financement de l’Initiative d’Excellence de l’Université de Lille (alors « Fondation I-SITE ULNE), dans le cadre d’un appel à projets visant à inciter les chercheurs internationaux à collaborer avec des unités de recherche lilloises. Son projet primé, MASLAP (https://maslap.univ-lille.fr), co-dirigé par Dominic Moreau – maître de conférences en Antiquité tardive au sein de notre faculté et membre de l’UMR 8164-HALMA (Univ. Lille, CNRS, MC) –, vise l’étude des édifices à péristyle le long du Danube dans l’Antiquité tardive. En outre, elle est devenue, en 2023, professeure distinguée de notre université.

 

Organisées et co-animées par Dominic Moreau, Sandrine Huber, Ekaterina Nechaeva et Grégoire Poccardi, en partenariat avec le Parcours Métiers de l’archéologie du Master Mondes anciens, les les trois conférences exceptionnelles données par Orsolya Heinrich-Tamáska, toutes en présentiel, ont eu lieu les 14, 15 et 16 octobre, à la fois dans les locaux de l’unité HALMA et à la Maison de la Recherche, avec pour sujets respectifs : 1- un panorama de l’un des sujets de prédilection de la conférencière, à savoir les sites de hauteur de l’Antiquité tardive le long du Rhin et du Danube ; 2- une synthèse sur l’archéologie des Huns, des Avars et des Magyars ; 3- une réflexion sur la transmission de l’héritage romain en Europe centrale

 

La première des trois conférences était en lien direct avec la participation de la conférencière à un réseau européen sur les sites de hauteur tardo-antiques, l'International Scientific Network - Late Antique Hilltop Settlements in Europe (LAHIS) de l’Académie bavaroise des Sciences (https://lahis.badw.de). Différents exemples ont été présentés au public, mettant notamment en évidence la réoccupation de sites de l’âge du Bronze à la veille du Moyen Âge. La question du lien avec les pratiques des populations germaniques de l’époque des Grandes Migrations, entre autres les Alamans, a d’ailleurs été posée.

 

Dans sa deuxième intervention, Orsolya Heinrich-Tamáska a remis en cause l’idée selon laquelle ces peuples auraient conservé un mode de vie strictement nomade après leur installation en Europe, notamment dans le bassin des Carpates, en raison de contraintes environnementales et climatiques. En se concentrant plus particulièrement sur les Avars, elle a présenté divers témoignages matériels — sépultures de chevaux, étriers, arcs composites, garnitures de ceintures et bourses, tout en s’interrogeant sur les traces archéologiques éventuelles des paiements versés à ces peuples par l’Empire romain.

 

Pour la troisième conférence, elle s’est concentrée sur la mise en valeur, la protection et la reconstruction partielle des sites romains de Hongrie et en Autriche, en s’appuyant des exemples comme l’enceinte de Gorsium-Herculia ou la domus des Lucii ainsi que les bains à Carnuntum. Spectaculaire, ce type d’aménagements peut donner lieu à débat sur la politique à suivre en matière de restauration de monuments antiques, tout comme les reconstitutions virtuelles, dont l’intérêt est autant scientifique que pédagogique, tout en ne dénaturant pas un site par des restitutions plus ou moins contestables.

 

Comme pour le cycle de l’année 2023-2024, celui de l’année 2025-2026 a mis en lumière la méconnaissance de l’Université française pour cet autre monde romain que constituent les provinces du moyen Danube, alors que plusieurs empereurs de cette période furent originaires de la région et que beaucoup des événements politico-militaires majeurs liés au phénomène des Grandes Migrations (autrefois qualifiées de « Grandes Invasions ») se déroulèrent dans celle-ci. Encore une fois, les conférences très originales données par Orsolya Heinrich-Tamáska furent l’occasion de discussions scientifiques particulièrement riches et animées, mettant en parallèle différents contextes archéologiques (Balkans, Italie, Espagne, Afrique et Gaule, pour ne nommer que ceux-ci) dont sont spécialistes plusieurs membres actuels et émérites de notre université et/ou de l’unité HALMA.

 

Le même regret que pour le premier cycle de conférences peut être toutefois exprimé : la faible participation estudiantine, qui fut toujours inférieure à celle des collègues ! Il semblerait qu’une piqure de rappel aux étudiantes et étudiants sur l’importance de la participation aux conférences organisées par les membres de notre faculté et de l’opportunité que cela représente, en particulier pour ceux des filières concernées par ces conférences, et surtout lorsqu’il s’agit de conférenciers étrangers, soit à nouveau nécessaire. Il faut vraiment redoubler d’effort sur cette question !

 

Pour autant, ce nouveau cycle de conférences donné par Orsolya Heinrich-Tamáska fut un grand moment scientifique, mettant pleinement en évidence la reconnaissance dont fait l’objet notre université ainsi que l’unité HALMA dans le domaine de l’étude historique et archéologique de l’Europe centrale et du Sud-Est à l’époque romaine.

 

Dominic Moreau, avec la collaboration d’Ekaterina Nechaeva et Grégoire Poccardi